Constat - agriculture

CONSTAT

La Bretagne a entamé un virage agricole dans les années 1960, se détournant des fermes de petite taille de polyculture - élevage au profit d’une agriculture intensive, répondant alors aux enjeux du moment. Elle est aujourd’hui la première région dans les productions animales et agroalimentaires mais connait actuellement une crise sans précédent.

  • L’élévation du taux de nitrate et de produits phytosanitaires dans le milieu est devenu un sujet de préoccupation majeur. Les nitrates contaminent les eaux de surface devenant alors improprent à la consommation humaine (des traitements adéquates augmentent la facture d’eau), et peuvent contaminer les mollusques. Les produits phytosanitaires peuvent par ailleurs avoir des effets toxiques sur la santé humaine et les agriculteurs y sont particulièrement exposés . Enfin ces sources de pollutions, associées à la réduction de la 1 matière organique, la perte de biodiversité et l’érosion des sols ont largement contribuer à réduire la fertilité des sols pourtant essentiel à la durabilité des systèmes agricoles.
  • Les secteurs agricole et agroalimentaire connaissent un recul significatif du nombre d’actifs, participant à l’élévation du taux de chômage et à la perte de dynamique économique et sociale notamment en milieu rural. L’augmentation de la superficie moyenne des exploitations agricoles, la difficulté d’installation des jeunes non issus du secteur, les plans sociaux d’entreprises agroalimentaires, contribuent à ce constat. Les projections réalisées à la demande du ministère de l’Agriculture prévoient par ailleurs une réduction de 1,7 à 3,3 % par an du nombre de chefs d’exploitation d’ici à 2030 à l’échelle nationale.
  • L’agriculture et l’alimentation sont responsables de 36 % des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que les secteurs des transports ou du bâtiment . Or la feuille de route 2 nationale impose de réduire de 20 % d’ici à 2020 nos émissions selon le paquet énergie/ climat de l’Union européenne et, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, de les 3 réduire de 75 % d’ici 2050. Par ailleurs, l’agriculture est le premier secteur à subir les conséquences directes du changement climatique .
  • Le pays est importateur net de produits cultivés en terme de surface, avec un déficit de 1,5 million d’hectare en 2005, malgré des terres productives. Le phénomène 5 d’artificialisation des terres agricoles participe à ce phénomèe. Or en 2050, l’agriculture française devra nourrir 72 millions d’habitants , soit 12 % de plus qu’en 2010. La demande 6 en produits agricoles pour l’alimentation mais aussi l’énergie et les matériaux sera donc plus forte encore.

VISION

Il existe une multitude de systèmes agricoles et aucun ne répond à l’ensemble des enjeux d’aujourd’hui, aucun ne présente toutes les qualités. Tous auront à évoluer pour s’adapter et anticiper, sans perdre de leur diversité garant de la résilience du secteur. Les systèmes devront être productifs, consommer moins d’énergie, en préservant leur environnement. Afin de soutenir le secteur à évoluer à la hauteur des enjeux actuels, voici les grandes orientations proposées :

  • Soutenir la production agricole : soutenir une agriculture polyvalente et intégrée à l’échelle du territoire, déployer des modes de production agricole hautement techniques et déjà pratiquées avec succès par des d’agriculteurs pionniers, encourager les réseaux de partage de savoirs,
  • Reconquérir la qualité du milieu naturel environnant : accroitre la surface arborée et ré- instaurer les haies, soutenir les techniques de conservation des sols pour restaurer la vitalité de leur écosystème, préserver les habitats naturels et adopter des modes de production vecteurs de biodiversité, recourir à la fertilisation organique, réduire les sources de pollution et retrouver la qualité des ressources en eau.
  • Lutter contre le changement climatique : réduire l’utilisation d’intrants et de carburants, optimiser l’azote atmosphérique en introduisant massivement les légumineuses et en soutenant l’association de cultures (intermédiaires / associées / agroforesterie), maintenir une couverture permanente des sols, réduire la production animale de ruminants et soutenir les systèmes fourragers associés.
  • Soutenir un secteur moteur de dynamiques économiques et sociales : soutenir l’installation et le maintien d’exploitations agricoles de plus petite taille, faciliter l’installation de jeunes non issus du secteur, promouvoir les initiatives de vente des produits agricoles par circuit courts, encourager l’approvisionnement des établissements (école, maison de retraite, entreprise…) par des denrées agricoles produites sur le territoire, favoriser le lien entre producteur et consommateur.

REFERENCES

1 - Le monde agricole en tendance – Centre de prospective - Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche - La documentation française 2011 – ISBN 978- 2-11-008879-6

2 - « Les ménages, acteurs des émissions de gaz à effet de serre ». IFEN, numéro 115, Nov. Déc. 2006.

3 - La décision 406/2009/CE fixe les objectifs de limitation des émissions GES dans chaque État par rapport à 2005. (- 20 % pour la France).

4 - Dgec, 2010, Agriculture et changement climatique (Paris : Dgec)

5 - En 2005 d’après les données de la FAO, la France exportait pour l’équivalent de 7 millions d’ha et importait l’équivalent de 8,5 millions d’ha, sans compter 21.000 t de miel et 465.000 t de poissons importés.

6 - Scénario INSEE, Scénario central de projection, publié fin 2010 - « Estimations de population et projection de population 2007-2060 »

7 - Analyse basée notamment sur les publications de Solagro, Agreenium, CIVAM, voir documents ci-dessous